Petits arrangements personnels avec son traitement
Une représentation du vécu de la séropositivité
Textes : Hervé Latapie - photos : Amaury Grisel
- maquette : Franck Delaire
(septembre 2011)
Réalisant depuis deux ans une enquête sur les jeunes gays séropositifs (ouvrage dont la parution est prévue en décembre 2011), j’ai été frappé par l’absence totale d’images représentant la séropositivité. Si bien que la maladie est devenue invisible et la prévention de moins en moins efficace.
Or comment représenter cette maladie lorsque, justement, les jeunes séropositifs souhaitent rester anonymes et n’acceptent pas d’exposer leurs portraits dans une galerie de photos. De toutes façons, ils ressemblent à tout le monde, et ne portent aucun stigmate sur leurs visages.
Il m’a paru que la prise d’un traitement était l’une des représentations possibles du vécu de la séropositivité. Et c’est ce que j’ai entrepris de faire avec le photographe Amaury Grisel (http://enjoyamau.blogspot.com/).
J’ai interrogé chaque jeune sur son traitement, en lui demandant très concrètement comment il s’organise : comment il fait pour ne pas oublier de prendre ses médicaments, où il les range, à quel moment de la journée il les prend…
Je me suis ainsi rendu compte qu’effectivement chacun trouvait un petit arrangement personnel avec son traitement.
Le pilulier est l’objet central, il permet de ranger les médocs et souvent de les dissimuler pour ne pas risquer une indiscrétion. Il prend du reste souvent la forme d’une boîte insoupçonnable… Le moment de la prise est ritualisé, il devient un automatisme, qui chaque jour vous remet en mémoire votre statut de malade.